Les Bains aux XIIème siècle : premiers us et coutumes

Les premières preuves historiques de la présence des bains de Vernet-les-Bains datent du XIIème siècle (1170-1181). Les eaux étaient alors la propriété des moines de l'Abbaye de Saint Martin du Canigou. Un document de 1202 indique que les bains de Vernet consistaient simplement en une piscine voutée où les malades venaient se plonger afin de soulager leurs maux.

Sous Louis XIV, les Bains de VERNET, toujours la propriété des Abbés de Saint Martin, furent aménagés en hôpital militaire.

En 1730, un incendie les détruisit presque complètement. Ils furent laissés à l'abandon pendant près de 70 ans. Il restait alors un bassin d'une longueur de dix mètres cinquante sur cinq mètres de large et d'un mètre de profondeur. Deux sources l'approvisionnaient.

 

La naissance du thermalisme à Vernet-les-Bains

En 1788, l'abbé Grumel de Montpic bailla à titre emplhythéotique, les bains au Docteur Pierre de Barrera. Il édifiera le premier établissement thermal digne de ce nom avec les bois et les pierres de l'abbaye, avec pour obligation de laisser aux habitants de Vernet l'accès libre.

Le Docteur Pierre de Barrera, devenu propriétaire, fit combler le bassin et construisit :

  • huit cabines de baignoire en marbre du pays
  • deux bassins à douches
  • une étude pour le bain à vapeur pratiquée à l'intérieur d'un rocher
  • un réservoir de réfrigération de l'eau assez élevé pour obtenir une chute forte d'une douche tiède
  • un emplacement pour un bain de boue
  • une fontaine à eau

Sa réputation de médecin remit les bains de Vernet à la mode et attira de nombreux baigneurs, une source principale prit par ailleurs son nom.

Pendant la révolution des bains ne furent pas nationalisés, ils étaient utilisés par les soldats.

A la mort du docteur Pierre de Barrera en 1797, Morat d'Estagel, le nouveau propriétaire continua à améliorer les bains en créant 14 cabines de bains et 21 chambres pour les baigneurs (pas de notion de curistes).

En 1832, une nouvelle source fut découverte. Toutefois il manquait de moyens pour exploiter les thermes. Morat d'Estagel fit appel à deux associés, les capitaines Couderc et Lacvivier, qui lui rachetèrent les thermes en 1834. Le premier établissement thermal prit le nom d'établissement des Commandants.

Ils restaurèrent les anciennes constructions, allant même jusqu'à chauffer les chambres et les appartements, par des tuyaux acheminant l'eau thermale, répandant dans chaque chambre les vapeurs. Ceci afin que les baigneurs puissent  continuer à respirer les vapeurs d'eau thermale et bénéficier de ses bienfaits.

La période faste des bains de Vernet-les-Bains

En 1836, ils font élever :

  • Sur la Source Saint Sauveur une construction de trois étages renfermant 60 lits qui deviendra l'hôtel Ibrahim Pacha
  • Sur la Source Elisa, une construction plus petite
  • un établissement destiné aux personnes riches
  • un autre destiné aux revenus modestes, appelé Etablissement Thermal de la Mère Source (60 curistes pouvaient y loger et prendre les bains au rez-de-chaussée pour 75 centimes de frand par jour).

C'est à cette même période que nous entrions dans la période faste de bains de Vernet les Bains.

Différentes sources furent découvertes de part et d'autre du Cady :

  • "Rive gauche" où se trouvaient les bains des Commandants : Barrera, Vaporarium, Saint Sauveur, Elisa et Comtesse
  • "Rive droite" furant découvertes les Sources Providence, Ursule, casteil et Dona Amelia sur un terrain appartenant au vernétois Martin Mercader, qui construisit un nouvel établissement : les Thermes MERCADER en 1853. Le bâtiment renfermait dix cabines, un autre petit pavillon huit autres. Cet établissement était fréquenté par des malades moins fortunés.

La renommée des bains de Vernet dépassa les frontières du pays. L'établissement des Commandants passa de mains en mains jusqu'à l'arrivée du Comte Henry de Burnay, riche banquier portugais d'origine belge, unique propriétaire de 1888 avec les dix-huit hectares, qui termina les travaux.

Il équipa les thermes de piscines, de cabines de baignoires, de salles de massage sec et sous eau, de salle d'humage et de pulvérisation, de bains de vapeur et de bains de siège, ...

 

En 1889, il acheta les thermes Mercader.

Le Comte de Burnay fréquentait de célèbres thérapeutes connus, de hautes personnalits, l'un d'entre eux le Docteur Donnezan lui suggéra de constuire le premier sanatorium de France en 1890. Le sanatorium fut une grande réussite et permit à Vernet de faire grandir sa notoriété. Malheureusement l'un des médecins directeur, victime de calomnies quitta celui-ci et son successeur liquida le sanatorium. CElui-ci devint le Pavillon d'hiver.

En 1899, il fait construire le Grand Hôtel du Portugal, l'hôtel du Parc, et bien d'autres édifices encore. Il s'entoure alors de médecins compétents. Toutes ces personnalités vont permettre d'ouvrir la station au grand tourisme et à la cure thermale et climatique internationale.

C'est durant cette période que Vernet sera fréquentée par des personnages connus, des congrès médicaux auront lieu, les moyens d'accès se développeront. Il ne fallait plus que 12h au lieu de 24h pour venir de Paris à la gare de Vernet-Villefranche de Conflent. Le comte de Burnay ayant obtenu qu'un wagon 1ère et 2ème classe puisse effectuer le trajet direct.

Le 6 mai 1906, dans "The World", l'hebdomadire anglais désigne Vernet comme étant le "Paradis des Pyrénées".

En 1914 est élaborée une crème de beauté, "la Vernétine" à base d'eau thermale et de glairine, destinée à conserver la fraicheur, la finesse et le velouré de la peau, et de lutter contre les imperfections. Parmi les personnages célèbres qui usèrent des eaux de Vernet, on peut citer :

  • la princesse Béatrice de Battenberg (cinquième fille et dernier enfant de la reine Victoria). Elle présidait le concours hippique et les festivités de 1894 à 1924.
  • Ibrahim Pacha (fils du vice roid'Egypte) sur les conseils du Docteur Lallemand
  • Rudyard Kipling qui écrivait des poèmes pendant que sa femme se soignait. Il faisait de longues promenades en calèche pour fuir la high society
  • Richard Wagner et le conteur Hans Christian Andersen
  • Paul Deschanel, futur Président de la République
  • Sacha Guitry avec sa femme Yvonne Printemps
  • Charles Trenet
  • André Malraux, qui écrivit "l'Espoir" à Vernet.

En 1940, un drame considérable va s'abattre sur Vernet, une catastrophe naturelle (inondation) va détruire presque entièrement la ville (le casino et l'hôtel du Portugal  sont des bâtiments d'époque, depuis lors restaurés). Le paradis perdu sera ensuite accablé par la guerre. Il faudra attendre 1950 avec l'endiguement du Cady pour que Vernet prenne un nouvel essor.

En 1956, la concession de l'ancienne société est cédée à la commune de Vernet-les-Bains, qui la cèda à son tour en 1958 à une nouvelle société d'exploitation des eaux (Sodexo).

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L'arrivée du Docteur Albert Defouilloy

En 1965-1966, cette société fait appel à des capitaux extérieurs, et en particulier au Docteur Albert Defouilloy (rhumatologue originaire du nord de la France), qui croyait aux vertus thérapeutiques de l'eau thermale, il disait qu'il "soignait les os par les eaux". Il n'a cessé tout le long de sa fin de vie de construire et d'agrandir l'espage thermal.

En 1969, il créa avec ses associés (Monsieur Denizot et le Docteur Lebeurre) la résidence thermale, puis en 1970 le centre de rééducation fonctionnelle et motrice. Il devient le seul actionnaire n 1981.

En 1986, il construisit la partie actuelle de l'espace réservé aux soins des voies respiratoires (la hauteur de plafond et sa charpente est inspirée par l'église Antigone de Montpellier), la piscine de douches sous immersion, les unités de bains et les jets durent installés en arrière du bâtiment.

Fort de constater un manque d'espace face à une fréquentation de l'établissement thermal croissante, le Docteur Defouilloy, décida en 1993 de vendre les lits du centre de rééducation à la clinique la Pinède à Saint Estève. Il réintroduit les unités de bains et de jets à cette période sur le devant des Thermes, créa un nouvel accueil, un centre de remise en forme en eau thermale et fit des anciennes chambres des malades des studios.

Au cinquième étage, des chambres furent aménagées pour accueillir la clientèle. A cette époque, 4500 curistes fréquentaient Vernet chaque année.

En tant que médecin et amoureux de son métier, le Docteur Albert Defouilloy fit la recherche de nouveaux forages dont il entreprit l'exploitation en 1996. Ces trois nouvelles sources portent le nom de Charlotte, Nathalie et Docteur Defouilloy. Le mélnge des trois s'appelle Suzanne (prénom de Mme Defouilloy).

Actuellement, l'établissement est toujours géré par la famille Defouilloy, qui n'a de cesse de rénover et chercher à donner un nouvel élan au thermalisme malgré les aléas économiques.